23 octobre 2011

Le Pérou: Huaraz et les cordilleres

Huaraz, l’indésirable
Huaraz est considéré comme la Katmandou des Andes (ou encore la Jérusalem sud américaine, mais ça, ça fait l'objet d'un flop complet).
Blotti entre cordillère blanche et cordillère noire, elle semble incontournable pour tout trekkeur. Ben si vous voulez un conseil, contournez la!!! Excepté si vous cherchez un guide (et encore, même çà, çà reste à voir), nulle besoin de s'attarder dans cette ville qui ne ressemble qu'à une immense agence de trek, avec tout les mensonges qui vont avec et des prix tout aussi grand que la ville est moche.
Quand on se renseigne pour randonner dans la cordillère Huayhuash, c'est un vrai sketch. On nous dit de tout organiser de Huaraz (avec agence si possible), car c'est le seul endroit ou s’équiper (gaz, nourriture, matériel, …). Ils nous avancent bien sûr des prix défiants toute concurrence. Mais têtu comme on est, on se renseigne directement auprès d'un hôtel du village de Chiquian (par téléphone), étant un passage quasi obligé pour se rendre à Huayhuash. Et la réponse ne se fait pas attendre: tout y est disponible, il est possible de trouver un arriero, et les prix sont bien en dessous de se qu'on a pu entendre à Huaraz. Il n'y a pas à chier, même si on est habitué à la mauvaise fois des gens, ici ça dépasse l'entendement.
Pour finir de vous convaincre de ne pas mettre les pieds à Huaraz, la lagune 69, qui est idéal pour s’acclimater, est relativement loin de la ville (5 heures de transports aller retour). Caraz apparaît alors comme un point de départ plus approprié, car plus proche. Et en plus de gagner du temps et de l'argent dans les transports, Caraz est bien plus agréable à vivre. Bref, au risque d'être un peu lourd, n'allez à Huaraz que sous la contrainte ou avec la certitude que vous allez vous faire niquer. Heureusement qu'il y a Patrick, ses crêpes et sa fondue pour nous faire supporter ce trou.

La laguna 69
Situé à 4600 m d'altitude, la lagune 69 est, comme souligné plus haut, idéal pour s'acclimater. Elle ne présente aucune difficulté, si ce n'est qu'elle est loin de Huaraz. Il faut d'abord rejoindre Yungay et enchaîner avec un collectivo (peu fréquent) ou un taxi (plus cher) jusqu'au point de départ du trek. Mais sa couleur bleu émeraude au pied d'un immense glacier, en font un lieu vraiment magique. Jugez par vous même, et dites vous bien qu'en vrai, c'est bien plus beau!

Laguna 69: en chemin
Laguna 69: sur la route
Laguna 69: sur la route
Laguna 69: la voila mais en photo, çà rend pas!
Laguna 69
Laguna 69
Laguna 69: sur le retour
Laguna 69: sur le retour

Trek en Afghanistan
L'article aurait pu tout aussi bien s'appeler 'sur la route de la mafia' ou 'racket communautaire', mais 'trek en Afghanistan' reflète mieux la fin du trek. Vous vous dites déjà « mais que s'est-il passé??? ». Pas de panique, tout va bien!

Ça sent l'article à tendance négative ... mais non, enfin pas complètement.
Randonner dans ces montagnes est tout simplement sublime. Chaque jour qui passe, c'est un nouveau sommet qui se dévoile, embelli de glaciers ou de lagunes. En dix jours, pas moins de dix cols sont à franchir pour faire le tour de la cordillère, quasiment tous aux dessus des 4000 mètres et deux dépassent même les 5000. Ce qui représente cumulé, 7000 mètres de dénivelé positifs et autant de négatifs. C'est physique, sans être insurmontable, mais quelle bonheur de découvrir tout ses paysages et d’autant plus quand on les admire depuis des bains thermaux. Ce n'est pas pour rien que ce trek a été longtemps considéré comme l'un des plus beau au monde.
Et quand à la rencontre avec une nature exceptionnelle s'ajoute des rencontres humaines exceptionnelles, c'est juste incroyable. Pendant une ascension, on a croisé les français d'une association dont l'exploit est à souligner. Cette association, c'est Handi Cap Evasion. Ils permettent à des handicapés de découvrir des endroits qui leur serait normalement ultra difficile d’accès. Et avec la volonté de quelques hommes et femmes, tout devient possible: un convoi de joelettes (chaise roulante spécialement conçu pour des chemins escarpés), tractées chacune par plusieurs personnes, s'est lancé à l'assaut de Huayhuash. C'est juste époustouflant, et on n'a pas pu s'empêcher d'accepter de les aider sur une journée.

Malheureusement, les communautés du coin ont réussi à gâcher notre plaisir, et avant elles, c'est notre arriero qui a commencé à nous agacer. On a décidé de tout organiser nous même. Mais dix jours de nourritures, c'est lourd, et des ânes s’avèrent indispensables. Entre parenthèse, respect à ceux qui le font en totale autonomie, car c'est possible, mais ultra difficile. On se fera donc accompagner de Negro et Camote, et de leur arriero, Jésus, vendu comme le meilleur arriero - cuisiner - guide - pêcheur de tous les temps.
Pour vous donner un aperçu de cet homme, voici les '10 commandements de Jésus':
1 – Entre 4000 et 5000 mètres d'altitude, tu n'emporteras rien pour te protéger du froid. Ni gants, ni chaussettes.
2 – Pour dix jours de trek, tu ne prévoiras qu'une paire de sandale à l'image de celle des Romains.
3 – Quand tu planteras ta tente, tu la mettras bien face au vent.
4 – Quand tu installeras la cuisine, tu ne la protégeras pas du vent.
5 – La cuisine, tu t'en approcheras le moins possible.
6 – Aucune truite tu ne pêcheras.
7 – L'aide de la part d'autre groupe, tu la refuseras.
8 – Tu ne t'occuperas de tes âne qu'à la dernière minute.
9 – Tu seras d'accord avec tout le monde, même s'ils disent le contraire.
10 – Quand tu rencontreras un tueur, et qu'il te demandera ou tu vas, tu lui répondra le lieux exact ou tu vas t'installer.
Ah Jésus portait bien son nom, c'est une belle imposture.

Si, comme vous avez pu le constater, on a manqué de chance sur notre arriero, le comportement des communautés avec les trekkeurs, ne relève plus de la malchance. La cordillère Huayhuash n'est pas un parque national. Ce qui fait que des communautés y vivent toujours. Juste que la rien d'anormale. Mais celles-ci ont vite pris des droits exagérés. Elles ont toutes décidé de te faire payer un droit de passage sur leur terre, soit quinze soles par personne, voir même trente cinq pour une communauté plus gourmande que les autres. C'est très limite légalement, mais elles se justifient en te proposant des zones de campements sécurisées, propres et avec sanitaires. La réalité est tout autre:
Une semaine avant notre arrivé, deux 'cobradores' se sont fait voler les recettes du mois (près de 45000 soles, soit plus de 10000 euros, une somme colossale au Pérou) et tuer par la même occasion.
Les camps sont des déchetteries à ciel ouvert. Les israéliens sont accusés de les créer, mais les communautés se gardent bien de les nettoyer.
Et ils entendent par sanitaire, trois tôle en ferraille entourant un trou. Quelle bonheur de pouvoir chier face au montagne, voir même directement face au campement. Intimité garantie.
Du coup, quasiment chaque jour qui passe, tu mets la mains à la poche pour avoir le droit de passer sur des chemins publiques. Quelle pied çà doit être de pouvoir gagner sa vie sans rien foutre. Pourquoi tu irais travailler quand tu peux te contenter de racketter!!! En discutant avec des guides, qui sont tout aussi scandalisé de cette façon de faire, on a même appris que cette taxe est organisé depuis Lima par un ancien de la communauté. Si çà c'est pas une mafia!!!
Quand on est parti pour ce trek, on savait qu'il fallait payer régulièrement, mais pas autant et aussi souvent. On s'est vite retrouvé à cours d'argent. La plupart des communautés sont compréhensives, et après une petite négociation, il est toujours possible de payer une partie (mais sans reçu), ou de passer au tarif national. Mais la communauté de Huayllapa est particulièrement borné voir même complètement stupide. Ce qui est devenu le point chaud du trek. Explication!
Huayllapa est la communauté au trente cinq soles et on la passe au huitième jour de trek. Autant dire que nos poches sont déjà presque vide. Jésus nous a prévenu qu'une porte cadenassé entrave la voie publique. La loi est la suivante: 'tu ne payes pas, tu ne passes pas'. Jésus décide donc de passer le premier pour ne pas être bloqué. Il nous dit d'attendre un bon quart d'heure avant qu'on se présente à notre tour. Jésus un lâche, non pas du tout!!! Arrivé devant la porte, on leur explique calmement le problème: même si l'on est pas du tout d'accord avec le principe de payer, on a plus assez pour le faire, d'autant qu'on ne compte même pas dormir dans cette communauté. Mais rien n'y fait. Leur loi, c'est leur loi. Tu ne payes pas, tu ne passes pas! Mais ils sont sympa quand même, il nous ont proposé de passer contre l'appareil photo!!! Et puis quoi encore!!! Devant tant d’intelligence, le passage en force s’est avéré inévitable. Les conséquences n'ont pas tardé à suivre: jet de pierre, menace, vol de nos bâtons de randonnée. Devant tant de violence, on leur lâchera nos derniers soles, en prenant soin de conserver assez pour se barrer loin de ses barbares. Mais si seulement l'histoire s’arrêtait la. Une fois Jésus retrouvé, on apprend que les membres de cette communauté pourraient tenter de nous voler la nuit suivante. Loin d’être sereins, le scénario empire d'heure en heure. D'abord, on apprend que, par le passé, des gens se serait déjà fait tuer pour avoir refuser de payer. Ensuite, pendant notre 'fuite' du village, on rencontre un type plutôt louche qui nous demande ou l'on va (après m'avoir déjà demandé des pilules pour la tête). Jésus lui indique spontanément notre prochain campement. Au même moment, un vautour passe au dessus de nos tête. Le type me regarde du coin de l’œil et me dit « bonne augure ou mauvaise augure??? ». Croyez moi, çà fait flipper. Sur ce, on fait la morale à Jésus: moins de personnes sont au courant d’où on va, mieux on se portera. Et la, pire que dans un film comique, il nous explique que ce fameux type a été impliqué, il y a quelques année, dans le sordide meurtre d'une américaine, pour lui voler quelques dollars. Autant vous dire que la peur ne nous a pas lâcher les deux derniers jours. La moindre lumière la nuit, le moindre bruit suspect, ont suffit à nous filer des frissons. Tout est bien qui fini bien, ils ne nous ont ni tuer, ni voler, mais çà nous a vraiment gâcher la fin du trek. On ne se serait pas senti moins bien dans les montagnes Afghanes ;)

Si au final on ne conseillerait à personne de faire ce trek, c'est seulement pour arrêter de nourrir ces communautés. Les paysages, eux, valent vraiment le coup d’être vue.

Cordilliere Huayhuash: çà commence bien
Cordilliere Huayhuash: premier col
Cordilliere Huayhuash: pas moche le campement
Cordilliere Huayhuash: on se sent tout petit
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash: sympa la vache
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash: vue depuis un autre col
Cordilliere Huayhuash: plus de 1000 mètres en contrebas
Cordilliere Huayhuash: une joelette
Cordilliere Huayhuash: une enfant indienne
Cordilliere Huayhuash: sa soeur ou son frere
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash: miroir
Cordilliere Huayhuash: miroir bis
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash: une vigogne
Cordilliere Huayhuash: tempete de neige
Cordilliere Huayhuash: aussi con que son maitre
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash: un condor de mauvaise augure
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash: a plus de 5000 mètres au dessus de la mer
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash: au couché
Cordilliere Huayhuash: au levé
Cordilliere Huayhuash
Cordilliere Huayhuash

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